Pascual

mardi, août 29, 2006

Le président bolivien peine à mettre en oeuvre la nationalisation du gaz

Extraits de www.lemonde.fr du 28/08/06

Le président Evo Morales a dénoncé, vendredi 25 août, un "complot" contre la nationalisation des hydrocarbures boliviens. "La nationalisation ne va pas s'arrêter, a-t-il assuré : ceux qui refusent le changement sont les vendeurs de la patrie, les assassins, les responsables de massacres." La justice a perquisitionné, vendredi, les bureaux d'une filiale de la compagnie pétrolière espagnole Repsol, à Santa Cruz, soupçonnée de fraude. Repsol s'est plainte d'une "persécution injustifiée".

Le coup de colère du président bolivien a été provoqué par la demande du Sénat - où l'opposition de droite dispose d'une faible majorité - de la démission du ministre des hydrocarbures. [...]

Quatre mois après le décret du 1er mai, YPFB peine à mettre en oeuvre la nationalisation et à assumer toute la chaîne de production, transport et commercialisation du gaz. La négociation de nouveaux contrats avec les compagnies pétrolières étrangères implantées en Bolivie est au point mort, alors que le délai imparti expire dans deux mois. [...]

"La question des hydrocarbures nous donne beaucoup de migraines", admet Juan Ramon Quintana, le ministre de la présidence, qui invoque la pénurie de cadres qualifiés. M. Soliz attribue l'incapacité d'YPFB à assumer ses nouvelles responsabilités plutôt au "manque de ressources". [...] Après s'être appuyé sur les conseillers du bouillant président vénézuélien, Hugo Chavez, M. Morales s'est tourné vers le gouvernement norvégien (centre gauche). En même temps, le vice-président Alvaro Garcia Linera, qui avait critiqué la gestion de ce dossier sensible, s'est vu confier les négociations. Les Boliviens souhaitent doubler le prix du gaz exporté vers le Brésil, tandis que les Brésiliens se disent disposés à accepter une augmentation "dans des limites raisonnables".

lundi, août 21, 2006

Premiers rôles

Il y a quelque jours, l'herbe à l'hombre des palmiers, entre les balancoires et la cuisine, où jouent d'ordinaire les plus jeunes, s'est couverte d'une demi-douzaine de 4*4 récents. Le vent du sud rafraîchissait l'après-midi de l'hiver tropical, et certains enfants avaient été obligés de se vêtir d'un pull. Les chaises du réfectoire avaient été sorties et alignées dans la patio. Les visiteurs sortis de leur véhicule avaient légèrement salué les éducateurs et pris place. Face à eux, une table du refectoire avait été couverte d'un drap blanc et faisait office d'autel. Le "Padre" de la paroisse, cinquantenaire arrivé en moto et dont l'allure rappelait la naissance italienne, avait disposé les objets cultuels. La photo du fondateur avait également pris place sur la table. C'était la première fois que ce père célébrait à domicile depuis la naissance du foyer car bien que créée par un prêtre, l'organisation ne percoit pas d'argent de l'Eglise et s'en veut relativement indépendante.

En regard de l'abbé, l'assemblée était divisée. D'un côté de l'allée improvisée s'étaient regroupés les visiteurs, adultes avertis dont l'habillement et les manières rappeleraient la classe aisée europénne. Les niños et leurs chaperons s'étaient assis de l'autre côté, vêtus de chemises pour l'occasion. L'un des plus impliqués parmi les membres de l'assemblée était un vieil homme, grand, rafiné et l'oeil gauche fatigué. Sa femme, plus alerte et qui, derrière ses lunettes monumentales avait articulé une critique au sujet d'un accroc dans un pantalon d'enfant, était maintenant absorbée par la prière. A côté d'une blonde maquillée qui avait repoussé ses lunettes de soleil sur ses cheveux tirés, siégeait le fils du couple, quadragénaire moustachu au physique décidé, habillé d'un T-shirt et semblant plus absent. Il était par ailleurs propriétaire de la maison hôte, architecte de l'immense projet de complexe de foyer et centre médical à construire, et entrepreneur soumissionnaire dudit projet. Plus avancé, un homme corpulent, les cheveux blancs ondulés et lunettes sombres à grosses montures. Ancien politicien local, expatrié depuis, il avait participé aux prémices de la partie boliviene du projet humanitaire, et s'y était ménagé une place dans le conseil de gestion nationnal. En raison d'une réputation floue, les éducateurs le miraient en coin. Outre son air qu'ils qualifiaient de pédant, ils chuchotaient des récits dans lesquels son frère aurait vendu du vent à l'organisation et des histoires de lien familiaux avec une employée.

Au son de la dernière bénédiction à l'accent romain, les Cruceniens du gratin qui, pour quelques-uns, découvraient le gîte, se regroupèrent à une extrémité de la cantine. La discussion ne s'établit que par bribes avec les "tios" et les enfants. A leurs interrogations concernées sur l'adjudication du chantier, je répondis avec ambiguïté. Ils restaient reculés, assis sur les chaises de bois dans ce grand local blanc tapissé de dessins d'enfants et entièrement vitré. Après s'être sustantés de traditionnels empanadas au fromage et de café, le facies affecté par les cris répétés des marmots, privés surtout de l'attirante conversation du jeune directeur en voyage à l'étranger, les premiers arrivés se levèrent pour prendre congé du foyer. Leurs alliés les suivirent. Suite à un rapide adieu, quelques niños virent donc séloigner une à une les grosses voitures et leurs occupants, dont certains se souvinrent assurément qu'ils s'étaient officielement déplacés pour montrer leur attachement au père Wasson, le fondateur de l'organisation décédé la vielle et que d'aucuns avaient rencontré.

mercredi, août 02, 2006

Ponts atlantiques

Je n’ai pas choisi l’Amérique Latine.
J’en ai hérité des pépites, des diamants,
De flocons à la présence évidente,
A la trajectoire fascinante.

Je l’ai recue quatre fois et bien plus depuis 1983,
Rieuse, légère, passionnée,
Obscure, rebelle, grave,
Intense, merveilleuse, mes frères.

Je l’ai recue.
Je voudrais prolonger le tissage,
Bâtir l’enchevêtrement,
Embrouiller les cultures.

J’apprends la musique bolivienne,
Le rythme de Reagaton, de la cumbia,
Celui du travail, des complications,
Des “Hay que tuvimos problemas”.

J’embrasse ces enfants à l’histoire poussiéreuse
Aux ventres gonflés de carrences, de parasites,
Aux souvenirs de poux, de tuberculose,
D’alcool, de souffrance, de mort.

Je lis, j’écoute les passés blessés,
Délaissés, maltraités, abusés.
L’atmosphere de désespoir.
Les premiers vols, les mères de 13 ans.

J’ouvre les yeux sur les habitudes,
Les grains de riz tombés d’un repas substanciel,
Recherchés, arrachés à l’herbe, mangés.
Les peurs ancrées du manque de pain.

Je me confronte à la réalité humanitaire,
Idéal de certains,
Bon boulot d’autres,
Bonne conscience de tous.

Je découvre des enfants éblouissants de vie,
Virtuoses du regard,
Distillateurs de magie,
Sculpteurs de dignité.

Dehors, les gamins tapent la balle,
Fougueux, réjouis, virvoltant,
Frondeurs, impertinents, animés.
Je cours les rejoindre.

mardi, août 01, 2006

Mis Pequeños Hermanos

Le foyer de NPH (1) Bolivie, dernier né d'une organisation cinquantenaire, accueille 43 bambins de 0 a 17 ans. Ils vivent entourés des "tios" et "tias" : 6 boliviens et 5 volontaires européens. Il y existe peu de manque matériel et d'amour, hormis l'abîme dûe à l'absence parentale et les reliquats d'anciennes blessures. Ces niños grandissent et s'épanouissent dans une grande maison à la périphérie de Santa Cruz (et qui aurait été une demeure du général-président Banzer), invariablement remplie de mouvement ou de musique. Où le silence manque parfois a l'esprit, comme bientot la place aux enfants.

C'est ce manque de place et leur recherche d'un ingénieur qui a conduit mes pas ici, pour coordonner la construction de la premiere phase d'un nouveau (énorme) foyer, qui recevra à terme 600 enfants, école et hopital. Pour le moment, le site du futur gite est un immense champs de 100 hectares, "en puro campo", à une centaine de kilometres de Santa Cruz. Fait de palmiers, de moustiques, de petits crocodiles dans l'étang, serpents, oiseaux colorés et vaches à bosse.

La fin de la tranquilite de ces animaux pépères s'approche aussi vite que le permet la Bolivie, et les perroquets semblent profiter des derniers mois pour imposer leur récital avant que l'air ne s’emplisse de brefs pleurs, musique rythmée et joyeux cris.


(1) Nuestros Pequeños Hermanos : Nos Petits Freres