Pascual
mercredi, avril 18, 2007
... Et les coulisses.
L'envers du décors, ce serait ce même matin, à 9h15, alors que les premiers invités étaient attendus à 9h00. J'entrerais avec quelques enfants dans le bureau pour une réunion avec un ingénieur, fixée à 9h30. La porte passée, nous tomberions sur le responsable du foyer, les yeux jaunes, l'haleine houblonnée. Couché à même le sol, habillé comme la veille et ayant passé la nuit sur le carrelage et son oreiller. Plus tard, nous aurions appris qu'il s'était ennivré la veille. C'est pour cela qu'il n'aurait pas pu aider ses collaborateurs à préparer la fête. Il aurait alors été se changer pour prononcer un discours modèle et aurait passé le reste de la journée fort sagement.
Ceci pourraient être les coulisses. Mais ce serait absurde. Qui pourrait croire qu'un tel homme ait un comportement semblable...?
Ceci pourraient être les coulisses. Mais ce serait absurde. Qui pourrait croire qu'un tel homme ait un comportement semblable...?
mardi, avril 10, 2007
lundi, avril 09, 2007
dimanche, avril 08, 2007
Cousinage
En posant mon regard sur une pièce de monnaie locale, j'ai découvert une bien curieuse analogie. Alors que le pays est comme la Belgique en proie à une vague d'autonomie de la région la plus riche, dont j'ai sous-traité la narration au site lemonde.fr, je m'apercois que ces fameux "bolivianos" reprennent une phrase bien connue en Belgique : "L'union fait la force".
Le sépratisme s'est implanté et paraît intégré dans la culture. Les ouvriers, les innombrables chauffeurs de taxi en parlent comme d'un remède vers plus de ressources. Ils discourent avec véhémence, s'emportent; certains se sont battus. Il nest pas nécessaire cependant d'être expert politique pour comprendre qu'ils ont moins à y gagner que ceux qui les mobilisent. L'éducation, l'influence s'allient aux "peones", ou les utilisent. Ici comme ailleurs, sans un mimimum d'encadrement, l'argent fait la force, la force fait l'argent. Il semble heureusement que les rumeurs de guerre civile que l'on entendit à cette époque se soient tues. Le gouvernement s'est rendu à l'idée qu'il était obligé de faire certaines concessions s'il voulait continuer à dirriger ce pays tellement facile à paralyser. La mentalité guerrière n'est pas une habitude et, comme me le faisait remarquer un chef d'entreprise locale, l'une des grandes chances de la Bolivie est qu'elle soit presque totalement dépourvue d'armes.
Deux jours après la vrai-fausse annonce télévisée de l'éclatement de la Belgique, Santa Cruz était le théatre d'une manifestation géante en faveur de l'autonomie. Malgré le climat d'agitation du pays, et après qu'on nous aie renseigné sur le caractère festif du rassemblement, nous sommes allés au le rond point "del cristo", où un énorme podium avait été installé. Notre promenade dans un tel événement était en fait un peu moins risquée en pays camba qu'en pays colla où règne la culture indigène. Je rapporte par ailleurs ces éléments avec quatre mois de retard, instaurant une sorte de prescription quant à l'angoisse familiale.
La manifestation "Autonomia, si..." du 15-12-06 était une grande fête, que nous avons quitté avant que les "borrachos" ne se manifestent trop. Ce rassemblement représentatif de la vie Crucenienne s'opposait à l'action politique d'"Evo", à l'exception de "sa nationnalisation" des réserves de gaz. En plus des revendications autonomistes, le panier des doléances était essentiellement rempli par l'assemblée constitutionnelle, promesse électorale d'Evo l'indigène à ses troupes. Les Cambas n'y sont pas opposés mais refusent logiquement que la constitution soit modifiée à la majorité simple. Ils critiquent également le manque d'ouverture et de dialogue du gouvernement. A l'instar de trop d'exemples historiques, le gouvernemet bolivien actuel donne parfois l'impression de vouloir accaparer le pouvoir au nom du socialisme. Devant la foule arborant des miliers de T-Shirt"Democracia" et "2/3" aux couleurs de Santa Cruz et agitant des centaines de drapeaux verts et blancs, la musique et la fête étaient les invités d'honneur, orchestrés par le présentateur vedette d'une grande chaine télévisée. L'assemblé écoutait les chants traditionnels, les rythmes de la chiquitania, s'amusait des parodies et balourdises à sens unique. Juste après les avoir fait reprendre en choeur "Soy de Oriente, si señor..." chant à la gloire de la principale équipe de foot locale, et avoir fait crier l'hymne de l'équipe concurente, Blooming, l'animateur, professionnel de l'événementiel et de la manipulation jouait la réconciliation et faisait crier au peuple crucenien sa haine du président. Un peu plus tard, un prêtre montait sur scène pour annoncer une action de bienfaisance au profit d'enfants sans abri, n'ajoutant pas de propos politiques, mais arborant un grand drapeau "Autonomia, si..."
Le sépratisme s'est implanté et paraît intégré dans la culture. Les ouvriers, les innombrables chauffeurs de taxi en parlent comme d'un remède vers plus de ressources. Ils discourent avec véhémence, s'emportent; certains se sont battus. Il nest pas nécessaire cependant d'être expert politique pour comprendre qu'ils ont moins à y gagner que ceux qui les mobilisent. L'éducation, l'influence s'allient aux "peones", ou les utilisent. Ici comme ailleurs, sans un mimimum d'encadrement, l'argent fait la force, la force fait l'argent. Il semble heureusement que les rumeurs de guerre civile que l'on entendit à cette époque se soient tues. Le gouvernement s'est rendu à l'idée qu'il était obligé de faire certaines concessions s'il voulait continuer à dirriger ce pays tellement facile à paralyser. La mentalité guerrière n'est pas une habitude et, comme me le faisait remarquer un chef d'entreprise locale, l'une des grandes chances de la Bolivie est qu'elle soit presque totalement dépourvue d'armes.
samedi, avril 07, 2007
Patinage
Un jour blanc, laiteux. Sans conscience du décors, et sans vraiment m'en apercevoir, je cours, les jambes douloureuses. Un mur, lui aussi sans couleur, se rapproche. Contre ma volonté, mes pas s'accélèrent. L'incompréhension me saisit en même temps que se précise l'imminence de l'impact. Enfin, alors que je vais heurter le rempart, j'ouvre la bouche pour crier et... me réveille.
Malgré cette mauvaise nuit, je me lève de bonne humeur, relate mon rêve et en rit. J'ai à l'esprit l'excès de sport de la veille, que je relie à mon songe. Un psychologue prend part à la discussion. Selon les théories de l'inconscient qu'il énonce, il serait admis que l'une des trois explications au rêve typique du choc, et la plus probable après avoir entendu les autres, serait la proximité d'un changement important.
Persuadé du rapport entre l'inconscient et le conscient, mais peu au faîte des théories de Freud et de sa suite, et en vérité un peu réticent aux théories simplistes du professionel bolivien, je serais cependant prêt à accepter d'établir certains recoupements avec ma situation actuelle.
Une autre facette de l'imagerie collective me vient à l'esprit pour étayer mon impression. Je repense à ces personnages de dessins animés ou clowns de vieux films, aux pieds posés sur deux patins allant en sens opposé, deux rails, deux icebergs qui s'ecartent inexorablement. Impuissants à en choisir un seul et incapable d'éviter l'immanquable, le bonhomme est contraint de plonger pour rejoindre l'un d'eux.
La fin de la construction s'approchant avec la joie de voir se terminer le chantier, l'appréhension de voir se terminer l'aventure actuelle et d'arriver le changement de vie, je vais devoir plonger et élire ma banquise. Choisir entre une vie de Belge en Bolivie (ou ailleurs) et une vie en Belgique avec les expériences boliviennes. Entre les tropiques et le froid. Entre les jolies métisses et les charmantes Belges. Entre le plaisir de trouver l'ombre des palmiers, et l'agréable sensation, difficile à comprendre pour qui n'en a pas été sevré, d'une promenade le long de la Meuse un jour de pluie. Entre la cueillette de mangues ou de canne à sucre, et l'odeur des bois belges au printemps et leurs couleurs de l'automne. Entre les routes boliviennes atypiques et les tristes autoroutes belges d'un soir d'hiver.
Contrairement aux éternels acariâtres qui pensent que seule l'opulence leur est acceptable, je me rends compte de la chance du choix. Certains expatriés ou voyageurs au long cours se plaignent de certains désagréments. Sont ils conscients de leur chance? S'ils ne sont pas satisfaits, il leur est loisible de retourner dans un pays "développé" et chercher un travail, ce qui n'est pas permis aux Boliviens. Ils oublient de dire qu'un salaire d'expatrié (même le SMIC belge comme moi, voire le chomage belge) offre de bonnes possibilités ici. Dans un pays où le pouvoir de l'argent est moins bridé, leur position sociale et leur compte en banque leur offre une sensation de pouvoir, dont certains profitent, comme toujours. La nature même des emplois disponibles à l'étranger est en général plus intéressante, du fait de l'offre restreinte de "spécialistes", et du faible niveau de rigueur de la formation bolivienne que je ne voulais pas voir en arrivant, mais dont je suis persuadé par expérience.
Un pied sur chaque iceberg, je sais qu'ils s'éloignent. L'un chariant la culture qui est la mienne, le pays de ma famille et mes amis, les réalités communes qui n'existent pas vraiment mais que l'on sait. L'autre promettant l'enrichissement culturel, le partage du meilleur, la découverte, le métissage. Après tant de chaleur, je crains l'eau froide.
Malgré cette mauvaise nuit, je me lève de bonne humeur, relate mon rêve et en rit. J'ai à l'esprit l'excès de sport de la veille, que je relie à mon songe. Un psychologue prend part à la discussion. Selon les théories de l'inconscient qu'il énonce, il serait admis que l'une des trois explications au rêve typique du choc, et la plus probable après avoir entendu les autres, serait la proximité d'un changement important.
Persuadé du rapport entre l'inconscient et le conscient, mais peu au faîte des théories de Freud et de sa suite, et en vérité un peu réticent aux théories simplistes du professionel bolivien, je serais cependant prêt à accepter d'établir certains recoupements avec ma situation actuelle.
Une autre facette de l'imagerie collective me vient à l'esprit pour étayer mon impression. Je repense à ces personnages de dessins animés ou clowns de vieux films, aux pieds posés sur deux patins allant en sens opposé, deux rails, deux icebergs qui s'ecartent inexorablement. Impuissants à en choisir un seul et incapable d'éviter l'immanquable, le bonhomme est contraint de plonger pour rejoindre l'un d'eux.
La fin de la construction s'approchant avec la joie de voir se terminer le chantier, l'appréhension de voir se terminer l'aventure actuelle et d'arriver le changement de vie, je vais devoir plonger et élire ma banquise. Choisir entre une vie de Belge en Bolivie (ou ailleurs) et une vie en Belgique avec les expériences boliviennes. Entre les tropiques et le froid. Entre les jolies métisses et les charmantes Belges. Entre le plaisir de trouver l'ombre des palmiers, et l'agréable sensation, difficile à comprendre pour qui n'en a pas été sevré, d'une promenade le long de la Meuse un jour de pluie. Entre la cueillette de mangues ou de canne à sucre, et l'odeur des bois belges au printemps et leurs couleurs de l'automne. Entre les routes boliviennes atypiques et les tristes autoroutes belges d'un soir d'hiver.
Contrairement aux éternels acariâtres qui pensent que seule l'opulence leur est acceptable, je me rends compte de la chance du choix. Certains expatriés ou voyageurs au long cours se plaignent de certains désagréments. Sont ils conscients de leur chance? S'ils ne sont pas satisfaits, il leur est loisible de retourner dans un pays "développé" et chercher un travail, ce qui n'est pas permis aux Boliviens. Ils oublient de dire qu'un salaire d'expatrié (même le SMIC belge comme moi, voire le chomage belge) offre de bonnes possibilités ici. Dans un pays où le pouvoir de l'argent est moins bridé, leur position sociale et leur compte en banque leur offre une sensation de pouvoir, dont certains profitent, comme toujours. La nature même des emplois disponibles à l'étranger est en général plus intéressante, du fait de l'offre restreinte de "spécialistes", et du faible niveau de rigueur de la formation bolivienne que je ne voulais pas voir en arrivant, mais dont je suis persuadé par expérience.
Un pied sur chaque iceberg, je sais qu'ils s'éloignent. L'un chariant la culture qui est la mienne, le pays de ma famille et mes amis, les réalités communes qui n'existent pas vraiment mais que l'on sait. L'autre promettant l'enrichissement culturel, le partage du meilleur, la découverte, le métissage. Après tant de chaleur, je crains l'eau froide.