Pascual

lundi, octobre 30, 2006

Accord gazier historique entre La Paz et des multinationales

"L'accord a été signé avec tous", s'est réjoui, dimanche, le ministre des hydrocarbures bolivien, Carlos Villegas. Dès vendredi, sur dix compagnies étrangères opérant en Bolivie, sept avaient déjà signé un accord, dont le Français Total et l'Américain Vintage. Ont suivi l'Espagnol Repsol et en dernière minute la compagnie publique brésilienne Petrobras, principal investisseur étranger dans le secteur pétrolier et gazier bolivien, avec qui les discussions ont été plus tendues. Le Brésil est le permier acheteur du gaz naturel bolivien et Petrobras, qui contrôle 47,3 % des réserves avérées et probables de gaz naturel de la Bolivie, a déjà investi plus de 1,5 milliard de dollars dans l'exploration ces dernières années. Repsol vient en deuxième position avec 26,7 %. Lors de la signature, le chef de l'Etat a rendu un hommage appuyé à Petrobras (Brésil) et à Repsol (Espagne), les principaux acteurs du secteur gazier. "Nous reconnaissons le leadership du Brésil dans la région, a-t-il déclaré. Les entreprises brésiliennes sont importantes pour la Bolivie. Avec le Brésil, nous devons vivre un mariage sans droit au divorce, car nos peuples respectifs en ont besoin."

"A cause d'une série de problèmes du côté bolivien, les véritables négociations n'ont commencé que début septembre", avouait récemment au Monde Carlos Villegas, devenu ministre des hydrocarbures a la suite du limogeage d’Andres Soliz Rada. Il y a eu des concessions des deux côtés, selon le ministre brésilien de l'énergie, Silas Rondeau. Petrobras précise néanmoins que deux questions, indépendantes du contrat d'exploitation, restent à négocier : le prix du gaz bolivien exporté au Brésil et le sort des raffineries de Petrobras, dont le transfert à la Bolivie est sujet à indemnisation.

L'accord prévoit que les groupes pétroliers céderont à YPFB toute leur production d'hydrocarbures. C'est l'entreprise publique qui commercialisera le gaz, tant sur le marché intérieur que pour les exportations. En échange, les compagnies étrangères seront rémunérées entre 18 % et 50 % des quantités extraites, selon l'importance du gisement. Plus celui-ci est petit, plus la rémunération est élevée. Les compagnies associées dans l'exploitation des grands champs gaziers de San Alberto et de San Antonio ont donc accepté de payer 82 % de taxes, en échange d'un certain nombre de règles, non précisées, qui assurent leur rentabilité. Le gouvernement bolivien a également indiqué que les nouveaux contrats comporteraient une clause obligeant les multinationales à réinvestir une partie de leurs profits dans le secteur énergétique du pays. Petrobras s'est ainsi engagée à investir 1,5 milliard de dollars dans le secteur énergétique bolivien, a annoncé le gouvernement après la signature des contrats, et Total près de 1,9 milliard de dollars.

A l'issue de la signature des nouveaux accords, Evo Morales a estimé que les nouvelles conditions imposées aux pétroliers étrangers feront passer les recettes publiques tirées du secteur de 200 millions de dollars par an actuellement à 4 milliards. "Ce que nous sommes en train de faire ici, c'est d'exercer nos droits de propriété, en tant que Boliviens, sur nos ressources naturelles, sans chasser personne, sans confiscation", a-t-il déclaré. "Avec ces contrats, nous allons résoudre le problème des injustices sociales et éviter des troubles de l'ordre public à l'avenir", a ajouté le président. Nous allons respecter ce que (les compagnies) ont toujours demandé, la sécurité juridique, a promis le président bolivien, Evo Morales. Nous ne violerons jamais ces contrats transparents. Nous avons assuré notre souveraineté sur nos ressources sans confiscation et sans expulser quiconque du pays."

ENCORE DU CHEMIN A PARCOURIR
La situation des entreprises de transport n'a pas encore été réglée, pas plus que les futurs investissements en vue d'une industrialisation du gaz. "Petrobras a obtenu les garanties nécessaires pour continuer à faire des investissements importants", a assuré Dilma Rousseff, ministre chef de cabinet de Lula. Repsol a également estimé que le contrat signé permettra "le développement de nouveaux projets d'investissements" en Bolivie Toutefois, YPFB reste une entreprise à reconstruire entièrement, avant qu'elle ne soit en mesure d'exercer les responsabilités que lui attribue le décret de nationalisation. "Il reste encore du chemin à parcourir", admet le ministre Villegas.

D’après
www.lemonde.fr du 30/11/06

dimanche, octobre 29, 2006

Instantanés

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Vrai(s) départ(s)

Après les remises en question de dernière minutes, après les “fera-fera pas”, après la vraie confusion et les fausses recherches d’alternatives, après ces tergiversations, les contrats ont été signés et le projet reprend son cheminement.

Personnelement, c’est bon de voir le chantier en route… Bien sûr la première vingtaine d’ouvriers travaille avec des plans périmés. Bien sûr l’un des entrepreneurs, qui est également l’architecte, l’ancien propriétaire du terrain, et le fils du propriétaire de la casa actuelle (vous avez dit conflits d’intérêts?) oublie les parties contraignantes des plans de détail et recherche déjà (en vain) les suppléments. Bien sûr la deuxième entreprise se fait tirer les oreilles, et le directeur national a tardé avant de demander les fonds pour l’acompte.

Bien sûr les sandales et chemises déchirées des ouvriers ne sont pas à la pointe des normes de sécurité, et sous le seul casque du chantier se trouve le chef d'équipe chaussé de "chinelas". On m’a promis des uniformes pour la semaine prochaine. Mais que veut dire ici uniforme, et surtout promettre…? En réalité il n’y a pour le moment pas la moindre machine et les seules protections vraiment nécessaires seraient de bonnes chaussures. Tout se fait a la main, à la pelle, à la houe, la bêche,… Du désherbage au creusement des fondations. Méthode archaïque et comparatif économique : les machines existent, mais les ouvriers sont moins gourmands, 100-150 US$ par mois (par comparaison, entre 1.000 et 1.500 US$ pour un ingénieur quadragénaire et... 45$ les 100 litres de diesel... c'est le calcul qui est fait). Dans ces conditions, tous se fait à la sueur, dans un rytme adapté heureusement.

Les entrepreneurs se plaignent du départ massif des “bons” ouvriers vers l’Espagne, où même illégaux, le niveau de vie est plus élevé et la sécurité sociale plus… importante. Là, pour des ouvriers à bas prix, non syndiqués, sans beaucoup de droits, il y aura presque toujours du travail. Ici, le macon se retrouve sans travail et sans revenu le jour de fin du chantier.

Le journal “El Deber” de ce jeudi 26/10 notait en “Une” que la Bolivie est le pays le plus “expulsor de gente” en proportion à sa population : 3 millions d’expatriés pour 9 millions de Boliviens. Selon leurs estimations, il y aurait 2 millions en Argentine, 400.000 en Espagne et 300.000 aux USA. Seuls 33% seraient en règle, et l’Espagne expulserait quotidiennement 27 Boliviens, dont certains sont arrivés par des agences de voyage qui leurs offrent, parfois à crédit, le “Kit” de l’immigrant : billet, passeport, et jusqu’à l’argent pour apparaître comme touriste.

La seule réponse officiele mentionnée dans le journal est l’ouverture d’un bureau d’estimation migratoire et de négociations avec l’Espagne. Autre ennemi des patrons Cruceniens après l’exode de leurs mains les plus habiles, la politique d’Evo et sa vitrine de nationalisation du pétrole qui arrive à une étape critique, constituerait pour beaucoup, en cas d’amélioration du niveau de vie, la véritable motivation à rester au pays. Au vu du climat actuel, des luttes de classes, mais aussi des luttes de cultures est-ouest, c’est pas gagné.

vendredi, octobre 06, 2006

Au moins 12 morts lors d'une bataille rangée entre des mineurs boliviens

Un affrontement entre mineurs a fait au moins douze morts et une soixantaine de blessés à Huanuni (département d'Oruro), coeur des mines d'étain, jadis principale richesse de la Bolivie. Le conflit a opposé, jeudi 5 octobre, des salariés de l'entreprise publique Comibol et des mineurs des coopératives indépendantes, qui se partagent l'exploitation du Cerro Posokoni (à 280 km de La Paz).

Les mineurs ont employé des cartouches de dynamite et des armes à feu. Selon des sources locales, le bilan serait plus lourd. Les larmes aux yeux, le secrétaire exécutif de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), Pedro Montes, un ancien mineur de Huanuni, a demandé la démission du ministre des mines, Walter Villarroel, accusé d'agir "seulement en faveur du secteur dont il est issu, les coopératives minières". Dans les années 1980, la chute du cours de l'étain avait entraîné la privatisation partielle de Comibol et des licenciements massifs. Une partie des mineurs au chômage a alors formé des coopératives.

Le président Evo Morales (gauche) a convoqué une réunion d'urgence, qui a envoyé sur place une commission chargée d'arrêter "l'affrontement fratricide". La démission du ministre Villarroel n'a pas été écartée. "Il n'y a pas eu d'intervention de la police et nous avons ordonné un repli des troupes du Cerro Posokoni à la localité de Huanuni", a annoncé le ministre Juan Ramon Quintana, un ancien militaire, chef du cabinet de M. Morales.

Le gouvernement ne veut pas mêler l'armée à un conflit dans la région des mines, où le souvenir des massacres commis par les régimes militaires reste vivace. "Militariser les mines équivaudrait à jeter de l'essence sur le feu", a expliqué le vice-président Alvaro Garcia Linera. La présence des troupes était censée dissuader toute confrontation, lorsque le gouvernement de M. Morales autorisa 4 000 mineurs des coopératives à exploiter la veine de Posokoni, en dépit de l'opposition des 1 000 salariés de Comibol.

D'après www.lemonde.fr du 06/10/06

jeudi, octobre 05, 2006

Happy Nelly

Quand le soleil souffle ses ombres orangées,
Quand il dévoile ses rides d’infimes fronts nuageux,
La brise anesthésie les grillons stridulants,
Et cisèle une bulle de chimères qui t’emporte.

Libellule candide au scintillement rebelle,
Bercée depuis toujours par des fées biscornues,
Tu es née au bord du monde, quand les voiles nocturnes
Disputent à l’aurore les brouillards insencés.

Les brumes de tes mots, Ayamara ou Quechua,
S’abattent sur les pierres, gourmandent les chenilles,
Les enfants et le vent condamné sans appel
D’avoir à ta poupée écorché le sommeil.

Dirigeant tyranique de cigales d’opéra,
Tu guettes en tout moment chez ces étranges humains
D’impossibles figurants pour partir sur le champs
Vivifier d’un sourire les déserts éthérés.

Poursuivras-tu sans fin, suspendue aux nimbus
L'odysée mâtinée de carnavals vermeils
Dont tu reviens parfois, des joyaux pleins les yeux
Me conter les songeries de lunes et de miel?