Potosi, reflets d'histoire et ombres d'argent
La soif de métaux précieux règne au 16eme siècle quand l'Espagne coloniale découvre les fabuleux gisements d'argent de Potosi. Enivré par les 30 000 T qu'il va en retirer, CharlesV donne à la cité le seul titre de ville impériale d'Amérique du Sud et, aidé de ses suivants, envoie mourir plusieurs millions d'indigenes dans la "montagne riche". Potosi est alors une ville plus grande et d'une richesse plus extravagante que Londres ou Paris. Pour les puissants, "el cerro rico"s'apparente à "un pont d'or" qui relie durant trois siècles le haut Perou de l'époque à Madrid. Pour les indigènes, il s'agit "d'un pont d'os".
La soif de puissance du palais madrilène ne s'estompe pas avec l'apauvrissement progressif des filons. L'Espagne continue d'innonder d'argent le reste de l'Europe, y provoquant la premiere poussée inflationniste de l'histoire et s'épuisant jusqu'a une double banqueroute. Cet aflux d'argent vers le nord de l'Europe sera par ailleurs un détonnateur du capitalisme balbutiant.
Lorsque les rêves de liberté du 19ème prennent forme par l'avênement de Simon Bolivar, les mines d'argent de Potosi sont encore au coeur du projet d'indépendance. Cependant, le mercure espagnol ne parvenant plus dans la nouvelle Bolivie, l'argent ne peut etre purifié. La richesse du sous-sol ne profite pas au pays. Quand le mercure du 20eme siècle redevient disponible, les mines sont privatisées. Les patriarches de l'argent dirigent le pays, sabordant l'armée, vendant le territoire et dépouillant la Bolivie selon leurs intérêts.
En 2006, aide par l'idee d'une vie meilleure, même plus courte, "el tio" (qui symbolise le diable) de la mine attire 5 a 6000 hommes. Le diable... Car Dieu existe dehors, à ciel ouvert. Ici, c'est le royame du "buenas noches", du Diable. Après que l'état et les entreprises se soient désintéressés des filons moins argentifères, le gouvernement bolivien encourage cyniquement les mineurs à organiser en coopératives le travail d'extraction (et lui seul). Les conditions de travail ont encore périclité. La sécurité n'y est plus qu'une notion. Les travaux de percement y sont souvent réalisés sans eau. La ventilation y est parfois inexistante. Le diable renforce sa présence.
Les mineurs sont fiers de leur dur travail. Ils nous demandent de témoigner des conditions qu'ils voudraient meilleures. Paradoxalement, ils craignent l'arrivée de machines, qui diminuerait l'emploi, deja faible a Potosi :il y existe une seule autre grande entreprise... une brasserie.
Un peu insensibilises par les feuilles de coca et engourdis, abrutis par l' "alcool potable 96% ", ils vont retirer aux entrailles de la terre de 1000 a 1500 Bol/mois (100 a 150 euros), en fonction de leur mérite, et de leur position de perforeur, de pousseur de chariot, ou de manoeuvre exterieur. Un faible salaire auquel se joignent d'infimes retombées touristiques.
La soif d'une vie meilleure regne chaque jour en 2006 pour eux et leur famille quand les mineurs descendent mourir, jeunes encore, avec le Diable de la mine, pour enrichir les associes du dieu de l'argent. "La pobreza del hombre como resultado de la riqueza de la tierra" (1)
(1) "La pauvrete de l'homme comme resultat de la richesse de la terre" Las veinas abiertas de America Latina, Eduardo Galeano
La soif de puissance du palais madrilène ne s'estompe pas avec l'apauvrissement progressif des filons. L'Espagne continue d'innonder d'argent le reste de l'Europe, y provoquant la premiere poussée inflationniste de l'histoire et s'épuisant jusqu'a une double banqueroute. Cet aflux d'argent vers le nord de l'Europe sera par ailleurs un détonnateur du capitalisme balbutiant.
Lorsque les rêves de liberté du 19ème prennent forme par l'avênement de Simon Bolivar, les mines d'argent de Potosi sont encore au coeur du projet d'indépendance. Cependant, le mercure espagnol ne parvenant plus dans la nouvelle Bolivie, l'argent ne peut etre purifié. La richesse du sous-sol ne profite pas au pays. Quand le mercure du 20eme siècle redevient disponible, les mines sont privatisées. Les patriarches de l'argent dirigent le pays, sabordant l'armée, vendant le territoire et dépouillant la Bolivie selon leurs intérêts.
En 2006, aide par l'idee d'une vie meilleure, même plus courte, "el tio" (qui symbolise le diable) de la mine attire 5 a 6000 hommes. Le diable... Car Dieu existe dehors, à ciel ouvert. Ici, c'est le royame du "buenas noches", du Diable. Après que l'état et les entreprises se soient désintéressés des filons moins argentifères, le gouvernement bolivien encourage cyniquement les mineurs à organiser en coopératives le travail d'extraction (et lui seul). Les conditions de travail ont encore périclité. La sécurité n'y est plus qu'une notion. Les travaux de percement y sont souvent réalisés sans eau. La ventilation y est parfois inexistante. Le diable renforce sa présence.
Les mineurs sont fiers de leur dur travail. Ils nous demandent de témoigner des conditions qu'ils voudraient meilleures. Paradoxalement, ils craignent l'arrivée de machines, qui diminuerait l'emploi, deja faible a Potosi :il y existe une seule autre grande entreprise... une brasserie.
Un peu insensibilises par les feuilles de coca et engourdis, abrutis par l' "alcool potable 96% ", ils vont retirer aux entrailles de la terre de 1000 a 1500 Bol/mois (100 a 150 euros), en fonction de leur mérite, et de leur position de perforeur, de pousseur de chariot, ou de manoeuvre exterieur. Un faible salaire auquel se joignent d'infimes retombées touristiques.
La soif d'une vie meilleure regne chaque jour en 2006 pour eux et leur famille quand les mineurs descendent mourir, jeunes encore, avec le Diable de la mine, pour enrichir les associes du dieu de l'argent. "La pobreza del hombre como resultado de la riqueza de la tierra" (1)
(1) "La pauvrete de l'homme comme resultat de la richesse de la terre" Las veinas abiertas de America Latina, Eduardo Galeano
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